Comment sont recyclées et valorisées les canettes en métal ?

Les canettes en métal sont-elles recyclées ?

La situation des canettes en métal en France

7 Français sur 10 consomment des boissons en canette. En 2022, on dénombrait environ 6 milliards de petites boîtes en métal produites annuellement sur le territoire (1). Le marché est en croissance et pourrait bénéficier de la recherche d’alternatives aux bouteilles en plastique à usage unique que la loi Antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC) prévoit de réduire de moitié d’ici 2030.

Une canette se compose essentiellement de métal, d’une couche très fine d’un revêtement intérieur afin de protéger la boisson, et d’un décor extérieur protégé par un vernis. Les canettes en aluminium sont majoritaires, elles représentent 60 % des canettes fabriquées en France, un chiffre en augmentation. Elles ont la particularité d’être très légères, avec 12 grammes seulement pour une canette en aluminium de 33 cl – le format le plus vendu en France – et une paroi de seulement quelques millimètres. Les canettes en acier comptent pour 40 % de la totalité des canettes. A noter que le couvercle des canettes est toujours en aluminium, même lorsque le corps de la boîte est en acier.

Un produit a priori recyclable à l’infini

Une canette en aluminium ou en acier se recycle intégralement et, en théorie, à l’infini, sans altération des propriétés initiales du métal : fiable, solide, malléable, étanche, léger… Les canettes en aluminium représentent d’ailleurs un gisement de matière première issue du recyclage (MPR) à potentiel : les filières existent et la demande pour l’aluminium est en croissance, tandis que l’extraction de la matière vierge est coûteuse. Ainsi, en 2019, les entreprises spécialisées dans le recyclage direct de l’aluminium (principale voie de recyclage des canettes) ont utilisé environ 290 000 tonnes d’aluminium issu du recyclage pour fabriquer de nouvelles bobines d’aluminium (2). À titre de comparaison, la production d’aluminium primaire en France sur la même période s’élevait à 420 000 tonnes.

La canette cumule donc les bons points, à un détail près, son taux de recyclage peine à dépasser les 70 % en France, contre 76 % au sein de l’Union Européenne (3). En cause ? Sa praticité, grâce à laquelle la canette est devenue le contenant nomade par excellence. 56 % des Français qui consomment des canettes déclarent le faire hors domicile, essentiellement lors d’un pique-nique, en déplacement (gare et aéroports) ou dans des lieux publics (4). Résultat : la collecte des canettes usagées se complique. Une partie du gisement termine en incinération, en enfouissement, voire abandonnée dans la nature. Or il faut compter de 100 à 500 ans pour que la canette finisse de disparaître naturellement.

Comment les canettes en métal sont-elles recyclées ?

Il faut moins de 60 jours pour qu’une canette vide collectée dans une poubelle soit transformée en nouvelle canette pleine, disponible dans les rayons des magasins (5).

Un processus simple qui démarre toujours par le geste de tri.
Le processus de recyclage des canettes est simple comparativement à d’autres matériaux comme le plastique.

• Il démarre toujours par le geste de tri, puis par la collecte, par des entreprises qui collectent les déchets en métal (comme ELISE), par les déchetteries ou les poubelles jaunes des particuliers. L’efficacité de cette étape dépend donc principalement de l’usager : il doit jeter la canette dans la poubelle appropriée.
• En centre de tri, les métaux ferreux, dont l’acier, sont séparés mécaniquement des autres déchets grâce à un système d’aimants, un “overband” situé au-dessus des convoyeurs. Pour l’aluminium, qui est un métal non ferreux, le tri est soit manuel, soit mécanique à l’aide d’un système séparateur nommé “courant de Foucault” qui éjecte les déchets en aluminium grâce à la création d’un champ magnétique. Selon Citeo, les centres de tri équipés de ce système captent jusqu’à 50 % d’aluminium en plus.
• Les métaux ainsi récupérés sont compressés en balles de formes cubiques d’environ 1 tonne (soit 65 000 canettes) et envoyés ensuite vers des sites de production d’aluminium ou d’acier.

Les canettes en acier rejoignent les aciéries. Elles passent dans des fours industriels jusqu’à ce que la matière atteigne son point de fusion, puis l’acier est coulé en blocs. Il pourra alors de nouveau être transformé en un produit fini.

Pour l’aluminium, le processus est proche. La matière peut passer par un centre d’affinage où elle sera broyée et purifiée (généralement, ce processus concerne l’aluminium rigide, et donc moins les canettes), ou bien rejoindre directement l’usine de pyrolyse.

Les balles d’aluminium rejoignent un four industriel et sont chauffées entre 500 et 750°C, dans un milieu peu oxygéné afin d’éliminer les résidus de matière. Les fabricants peuvent aussi les fondre en mélange avec de l’aluminium primaire issu des mines de bauxites. La matière est ensuite moulée en lingot, puis écrasée, étirée et laminée pour se transformer en bobine d’aluminium. Ces feuilles d’aluminium repartent enfin chez les fabricants pour être de nouveau transformées en canette, ou en d’autres objets.

Des gains substantiels permis par le recyclage

1 tonne d’aluminium recyclée représente :

• 4 tonnes de bauxite économisée ;
• une réduction de 7,7 tonnes des émissions de CO2 par rapport à la fabrication à partir de matière vierge, l’équivalent de 69 000 km parcouru en voiture thermique ;
• un gain de 95 % de l’énergie nécessaire à la production, par rapport à la fabrication d’une tonne d’aluminium vierge, soit 36 600 kwh, l’équivalent de la consommation annuelle d’énergie de 8 familles (6).

1 tonne d’acier recyclée, c’est :

• l’économie des matières nécessaires à la fabrication de l’acier, soit 1,5 tonne de minerai de fer, 650 kg de charbon et 300 kg de chaux ;
• une réduction de 1,4 tonne des émissions de CO2 par rapport à la fabrication d’acier vierge
• un gain de 74 % de l’énergie nécessaire à la production de l’acier vierge (7).

Canette acier ou canette aluminium, en quoi sont-elles transformées ?

En théorie, il est possible de créer un recyclage en boucle fermé des canettes en acier ou en aluminium : les canettes pourraient toutes redevenir des canettes. En pratique, mélangées à d’autres déchets d’aluminium ou d’acier, les canettes sont aussi transformées en différents objets :

• cadre de vélo ;
• cadre de fenêtre ;
• carter de moteur ;
• etc.

Consommation et déchets de canette en métal : comment faire mieux pour les entreprises ?

Le principal défi du recyclage des déchets de canettes en métal demeure celui de la collecte. Une fois collectée, la canette entre en effet dans une filière de recyclage bien installée et fonctionnelle. La collecte hors domicile demeure la plus complexe à mettre en œuvre efficacement. L’améliorer est d’ailleurs l’objectif du programme de collecte hors domicile “chaque canette compte” piloté par Citeo depuis 2010 en France, présents dans 15 pays européens, et dont ELISE est partenaire. Il vise à récolter les canettes vides consommées dans le cadre événementiel, au travail, dans des sites recevant du public, etc.

En entreprise, les déchets de métal sont encadrés par l’obligation de tri à la source introduite par le décret 7/9 flux. Installer des corbeilles dédiées spécifiquement à la collecte des canettes en métal ou faire appel à un opérateur de collecte capable de les trier efficacement sont donc de bonnes solutions pour favoriser leur recyclage. Une bonne pratique est d’installer ces corbeilles dans les espaces de restauration ou encore à proximité des distributeurs automatiques de boissons.