Déchet de bois : quel recyclage et quelle valorisation ?
Le point complet sur la collecte et la valorisation des déchets de chantier. Quelles obligations, quel taux de recyclage et quels objectifs ?
Mis à jour le 3 juillet 2025 - 10 mins de lecture
Pour les plus pressés
Le BTP est à l’origine de 70 % de la totalité des déchets produits en France.
Hétérogène, le gisement des déchets de chantier comprend des déchets inertes, des déchets dangereux et des déchets non inertes et non dangereux. Les taux de collecte et de recyclage sont très variables selon les flux, avec une bonne valorisation des matériaux inertes, mais des efforts importants à fournir sur les matériaux de second œuvre, comme le verre ou le plastique.
Les déchets de chantier sont soumis à un cadre réglementaire qui s’est étoffé ces dernières années, notamment avec l’entrée en vigueur de la filière à responsabilité élargie du producteur (REP) dédiée au bâtiment.
Le secteur du bâtiment et des travaux publics est responsable de 70 % de la totalité des déchets produits en France, pour un volume de déchets estimé à 212 millions de tonnes en 2020 (1). Les données récentes sont difficiles à obtenir pour le secteur des travaux publics, qui représente environ 80 % de ce gisement, tandis que la filière bâtiment seule aurait généré environ 42 millions de tonnes de déchets en 2022 (2). A titre de comparaison, on estime que les ménages produisent 30 millions de tonnes de déchets chaque année.
Un chantier de déconstruction, de démolition ou de construction présente la particularité de produire tous les types de déchets existants : bois, métaux, plastiques, etc., mais aussi des déchets inertes ou des déchets dangereux. Les déchets de chantier constituent donc une catégorie très hétérogène, avec des enjeux nombreux pour la collecte et la valorisation, et des leviers d’actions variables selon la catégorie de déchets concernée. Compte tenu de cette spécificité, la collecte de déchets du BTP est de plus en plus encadrée réglementairement et la loi Antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC) a créé une filière à responsabilité élargie du producteur (REP) dédiée Produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment (PMCB) entrée en vigueur en 2023. Cette filière REP doit permettre aux entreprises du bâtiment d’améliorer leurs résultats en matière de collecte et de tri à la source.
Attention : elle ne concerne pas les travaux publics. Pour rappel, les chantiers sont déjà soumis aux règles suivantes :
respect du tri à la source tel que défini dans le décret 7/9 flux, qui inclut le tri séparé du plâtre et des fractions minérales ;
respect des dispositions relatives aux déchets dangereux ;
anticipation de la gestion des déchets du chantier avant le début des travaux pour les chantiers les plus importants ;
suivi des déchets sortants du chantier.
Les déchets de chantiers relèvent des trois catégories suivantes :
75 % de déchets inertes : béton, tuiles, briques, céramiques, etc. Ces déchets ne se décomposent pas et ne produisent pas de réaction physique ou chimique.
23 % de déchets non dangereux, non inertes : bois, métaux, emballages, plastiques…
2 % de déchets dangereux pour l’environnement ou la santé : solvants, peintures, amiante, aérosols, revêtement comportant du plomb, etc.
À noter
La filière REP PMCB, qu’est-ce que c’est ?
La filière à responsabilité élargie du producteur PMCB concerne les déchets issus de la construction, de la rénovation ou de la démolition d’un bâtiment, classés en deux catégories :
catégorie 1 : les déchets inertes ;
catégorie 2 : les déchets non inertes, non dangereux, majoritairement constitués en masse de métal, bois, plastiques, laines minérales, plâtre, et menuiseries.
Ces déchets sont repris, sans frais, par les producteurs de la filière ou par des éco-organismes agréés, dès lors qu’ils ont été triés.
Plusieurs éco-organismes ont été agréés pour la période 2022-2027 :
Valobat pour les déchets de catégorie 1 et 2 ;
Ecominero pour les déchets de catégorie 1 ;
Ecomaison et Valdelia pour les déchets de catégorie 2.
Les autres produits déjà soumis à des REP spécifiques, comme les DEEE ou les déchets d’emballage, continuent d’être pris en charge par les filières dédiées.
La situation des déchets inertes de chantier
Les déchets inertes sont les principaux déchets générés par les chantiers du BTP, avec un gisement de 30 millions de tonnes annuels pour le secteur du bâtiment. Ils se composent notamment de granulats – principale matière première du BTP – ou encore d’enrobés bitumineux, qu’on retrouve dans les chaussées, les pistes d’aéroports, etc.
Dans le secteur du bâtiment, l’ADEME estime le taux de valorisation de ces déchets à 77 % (3). Il faut noter qu’une partie non négligeable des matières inertes est valorisée directement sur les chantiers. En 2019, pour le secteur du bâtiment (et hors terres excavées) :
40 % des déchets inertes sont valorisés sur un autre chantier sous forme de remblais ou en remblaiement de carrière ;
33,3 % partent en recyclage matière ;
23,4 % sont enfouis en installation de stockage des déchets inertes (4).
La situation des déchets non inertes, non dangereux
Les déchets de chantier non inertes et non dangereux représentent un gisement d’environ 9,9 millions de tonnes de déchets pour le seul secteur du bâtiment. 37 % de ces déchets sont recyclés et 45 % sont valorisés, mais ces données cachent des disparités importantes selon les flux de matériaux. L’ADEME les détaillent comme suit :
3 millions de tonnes de déchets de métal, recyclés et valorisés à 90 % ;
2,23 millions de tonnes de déchets de bois, recyclés à 41 % et valorisés à 77 % ;
170 000 tonnes de déchets plastiques, recyclés à 17 % et valorisés à 26 % ;
600 000 tonnes de déchets de plâtre, recyclés et valorisés à 16 % ;
200 000 tonnes de déchets de verre, recyclés et valorisés à 3 % uniquement.
Le cahier des charges de la filière REP PMCB fixe comme objectif de doubler les taux de valorisation des déchets non inertes et non dangereux du bâtiment (hors métaux). Il fixe également l’objectif d’améliorer le taux de réemploi, actuellement inférieur à 1%.
La situation des déchets de chantier dangereux
Les déchets de chantiers dangereux représentent de 1 à 2 millions de tonnes de déchets. Amiante, solvants, emballages de déchets dangereux mais aussi déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), terre et eau polluées… Ces déchets sont définis précisément par la réglementation à l’article R541-8 du code de l’environnement et par la directive européenne 2008/98/CE. Ils doivent être étiquetés, stockés et traités dans des conditions spécifiques, et les entreprises du BTP doivent assurer leur traçabilité via la plateforme Trackdéchets. Les déchets dangereux sont acheminés vers des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) habilitées à les prendre en charge. Ils seront ensuite traités, dans le respect de la hiérarchie du traitement des déchets.
À retenir
Des déchets recyclés, mais de nombreux points d’amélioration
La Loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 fixait comme objectif une valorisation matière de 70 % des déchets non dangereux dans le secteur du BTP à horizon 2020, en déclinaison de la directive cadre européenne sur les déchets. Selon les données les plus récentes, pour l’ensemble des déchets :
67 % des déchets du bâtiment ont été valorisés en 2019, soit en remblaiement de carrière (29 %), soit en recyclage (38 %). Le taux de valorisation grimpe à 77 % pour les déchets inertes.
63 % des déchets des travaux publics sont valorisés chaque année (estimation de 2014, des données plus récentes doivent être produites par l’ADEME courant 2024). (4)
Comment les déchets de chantier sont-ils recyclés ?
Le recyclage des déchets inertes
Les déblais de chantier ont un statut particulier : constitués de morceaux de brique, de béton, de gravats, ils constituent aussi une matière première directement réemployables sur le chantier lui-même, pour des remblais par exemple, et ils évitent, dans ce cas, le statut de déchet. Ils deviennent des déchets lorsqu’ils sortent du chantier.
Les déchets inertes peuvent être recyclés.
Ils sont d’abord collectés, soit par une collecte directe sur le chantier, soit par apport volontaire en point de collecte. Pour les déchets inertes, il existe des “plateformes d’inertes”, spécifiquement dédiées à cette typologie de déchets. L’éco-organisme écominéro, seul agréé pour la collecte des déchets inertes du bâtiment, a ainsi collecté 5 millions de tonnes entre janvier 2023 et mai 2024 sur 2700 points d’apports (5). L’ADEME estime qu’en 2014, la collecte des inertes concernait environ 11 % du gisement sur l’ensemble du secteur BTP ;
Après collecte, les déblais sont amenés en carrière ou en installation de traitement où ils sont triés pour évacuer les matières indésirables. Les matériaux métalliques sont retenus grâce à un aimant, les éléments plus légers sont séparés par soufflerie ou par un système de flottaison, de sorte à ne conserver que les matières minérales ;
Les déchets sont concassés, réduit à l’état de gravillon. En mélange avec du sable, ils deviennent une nouvelle matière première, utilisable en technique routière par exemple, ou sur un autre chantier.
Dans le secteur du bâtiment en 2019, 33 % des déchets inertes étaient recyclés. En 2014, sur l’ensemble du secteur BTP, le taux de recyclage est estimé entre 21 et 44 % (6).
Le recyclage des déchets non inertes, non dangereux
On l’a vu, les déchets de chantiers non inertes, non dangereux – qui recouvrent globalement les déchets de second oeuvre – sont très peu valorisés actuellement, hormis le métal et le bois, et tout l’enjeu de la mise en place de la filière REP PMCB vise à améliorer la prise en charge et le recyclage de ces matériaux, qui sont, par ailleurs, recyclables.
À noter
La liste des points de collecte des déchets de chantier
Retrouvez la liste des points de collecte des déchets de chantier en ligne.
Les déchets de chantiers peuvent être transformés en de très nombreux nouveaux objets ou nouvelles matières :
Les déchets inertes de chantier deviennent des gravats ou gravillons, utilisables comme nouvelles matières premières en technique routière ou dans la construction ;
Les déchets de bois sont recyclés en panneaux ou valorisés sous forme d’énergie ;
Les déchets de laine minérale peuvent être valorisés sous forme de plafond acoustique ;
Les sols en PVC sont réintroduits dans la fabrication de nouveaux sols en PVC ;
Le polystyrène expansé peut être recyclé en isolant, en rembourrages ou encore en pièce automobile ;
Les moquettes peuvent être réintroduites dans la fabrication de nouvelles moquettes ou de matelas, ou être valorisées sous formes de granulés destinée à la combustion ;
etc.
À noter
Acteurs du bâtiment et des travaux publics, la documentation pour aller plus loin
Pour aller plus loin, la Fédération française du bâtiment propose un centre de documentation assez complet pour guider les entreprises du bâtiment dans la gestion de leurs déchets de chantier.
La fédération nationale des travaux publics (FNTP) a également créé un guide des déchets de chantier à destination des entreprises de travaux publics.
Consommation et déchets de chantier : comment faire mieux pour les entreprises ?
Garantir une bonne gestion des déchets de chantier avant le démarrage de tous travaux
Améliorer le recyclage et la valorisation des déchets de chantier implique que les entreprises du BTP adoptent une démarche proactive pour structurer la gestion des déchets dès la phase préparatoire des chantiers. Mais cela implique aussi que les commanditaires des chantiers soient sensibilisés aux obligations qui incombent à leurs prestataires de travaux.
Sur les chantiers les plus importants, le diagnostic Produits, équipements, matériaux, déchets (PEMD) est obligatoire et permet d’anticiper le devenir des déchets. De même, les entreprises du BTP doivent fournir un schéma d’organisation de la gestion et de l’élimination des déchets (SOGED) lorsqu’elles répondent aux appels d’offres. Pour les chantiers moins importants, les entreprises du BTP ont l’obligation d’inclure la gestion des déchets dans leurs devis.
La sensibilisation de tous les professionnels à la gestion des déchets de chantier est clé pour améliorer la collecte et le recyclage sur la totalité de la filière, mais aussi sur le déploiement de davantage de points de collecte, à proximité des chantiers (la CAPEB, fédération d’artisan du bâtiment, plaide pour que les points de collecte soit accessibles à moins de 10 km en zone urbaine, et moins de 20 km en zone rurale).
Enjeux d’innovation pour une gestion circulaire des déchets de chantier
Enfin, face à une part de réemploi très faible (moins de 1 %), en partie du fait de contraintes techniques et réglementaires, et dans un contexte où le secteur de la construction dans son ensemble est questionnée sur ses impacts, la filière du BTP dispose d’une marge de manœuvre pour innover et trouver des voies nouvelles de réduction et de valorisation de ses déchets. Dans une démarche prospective conduite en 2022, l’ADEME et le CSTB interrogeaient ainsi le renouvellement de la filière dans son ensemble à l’aune des préoccupations environnementales et sociales.
Références
1
Ministère de la transition écologique, données et statistiques, “La production et le recyclage des déchets en 2020 et 2021 en France – Synthèse des connaissances en 2023”, accessible en ligne : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/la-production-et-le-recyclage-des-dechets-en-2020-et-2021-en-france-synthese-des-connaissances-en
Lenaïg LIJEOUR, Juliette NICOLAS, ADEME. 2024. Filière des Produits et matériaux de construction du bâtiment – Déploiement 2023
4
Rachel BAUDRY, Pauline JOSSERAND, Agathe JARRY, Diana BRANZEA, Nolwenn TOUBOULIC, Julien DEZOMBRE, Hélène BORTOLI PUIG (ADEME), Chloé DEVAUZE, Anaëlle CHRÉTIEN, Louise ROUQUETTE, Vincent SIVELLE, Amélie VAZ, Lucas VIOLLET, Véronique MONIER (In Extenso Innovation Croissance), Isabelle DESCOS, Hugo THUNIS (RDC Environment). 2024. Bilan National du Recyclage 2012-2021 – Évolutions du recyclage en France de différents matériaux : métaux ferreux et non ferreux, papiers et cartons, verre, plastiques, inertes du BTP, bois et textiles. 161 p
5
Ecominéro, rapport d’activités 2023
6
Rachel Baudry et. al, op. cit.
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