Décret 3R : le défi de la réduction, du réemploi et du recyclage des emballages plastiques
Découvrez le décret 3R et ses objectifs pour réduire, réemployer et recycler les emballages plastiques en France. Analyse des actions, bilans intermédiaires et défis à relever.
Mis à jour le 21 mai 2025Stéphanie Brassart - Responsable marketing et communication ELISE7 mins de lecture
Pour les plus pressés
Paru en avril 2021, le décret 3R est un décret d’application de la loi AGEC portant sur la réduction, le réemploi et le recyclage des emballages plastiques.
Le décret fixe l’objectif principal de réduire de 20 % les emballages plastique à usage unique d’ici décembre 2025.
Pour cela, il propose une série d’actions clés, comme la suppression d’emballages inutiles, le développement du réemploi, le développement de la filière de recyclage…
Ce décret a conduit à la mise en œuvre d’actions concrètes de la part des industriels, mais le bilan intermédiaire de l’ADEME publié en 2024, ainsi que les alertes émises par plusieurs associations, montrent des difficultés dans sa mise en application.
Au moment de la parution du décret 3R en avril 2021, la France consommait chaque année 4,8 millions de tonnes de plastique. Les emballages représentent la moitié de ce volume et seuls 27 % des emballages en plastique à usage unique étaient recyclés (1).
Le décret 3R est un décret d’application de la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC). En partant des données de l’année 2018, il fixe des objectifs chiffrés et des méthodes pour parvenir à réduire la circulation d’emballages plastiques en France sur la période 2021-2025. C’est une première étape vers l’objectif de leur disparition totale à horizon 2040.
Les 3R correspondent aux objectifs de :
réduction ;
réutilisation et réemploi ;
recyclage des emballages plastiques.
Les emballages concernés sont les emballages ménagers, industriels et commerciaux.
À noter
Mais qu’est-ce qu’un emballage au juste ?
Jetons un œil au texte de loi : “tout objet, quelle que soit la nature des matériaux dont il est constitué, destiné à contenir et à protéger des marchandises, à permettre leur manutention et leur acheminement du producteur au consommateur ou à assurer leur présentation.”
Tous les articles “à jeter” utilisés dans le même objectif sont considérés aussi comme des emballages (2).
Qui est concerné par le décret 3R ?
Le décret 3R vise les metteurs en marché, c’est-à-dire :
les producteurs de matières plastiques destinées aux emballages ;
les fabricants d’emballages en plastiques ;
les producteurs, importateurs, distributeurs de produits utilisant des emballages plastiques à usage unique.
Quelles actions les metteurs en marché ont-ils dû mettre en place ?
Plus globalement, la loi AGEC a imposé aux industriels et aux distributeurs des changements importants de leurs pratiques habituelles.
De nombreux fabricants de produits de grande consommation se sont engagés à intégrer au moins 50 % de plastiques recyclés dans leurs emballages d’ici 2030, tel que le PET (polyéthylène téréphtalate).
D’autres ont modifié leurs emballages et fait le choix de nouveaux matériaux (carton, kraft, etc.).
Tous ont dû revoir l’affichage et l’étiquetage de leurs produits pour informer et guider les consommateurs (emballage recyclable, à base de produits recyclés, etc.).
Par ailleurs, la recherche de solutions pour réduire l’usage du plastique a aussi fait émerger des activités et des solutions innovantes : vrac, savon solide, consigne, conteneur logistique réutilisable, etc. (3).
Pour tous, diagnostiquer ses usages, chercher des solutions alternatives, suivre ses données font partie des bonnes pratiques pour atteindre les objectifs fixés par le décret.
À consulter
Mais quelle différence avec la stratégie nationale 3R ?
La stratégie nationale 3R a été adoptée par décret le 14 avril 2022.
Ce second décret précise les modalités de mise en œuvre des objectifs fixés. Il définit 60 actions, réparties en 10 grands axes. Il désigne également les acteurs concernés (pouvoir publics, éco-organismes, fédérations professionnelles, collectivités, etc.). Cette stratégie est révisable tous les cinq ans.
Les principaux axes de travail sont les suivants :
réduire les emballages inutiles et excessifs ;
accompagner le réemploi par le producteur (vrac, recharges) ;
développer des solutions de substitution ;
assurer la recyclabilité des emballages mis sur le marché ;
accélérer l’augmentation de la collecte ;
moderniser, innover et adapter le tri ;
assurer les capacités de recyclage en France et inciter à l’incorporation de matière recyclée.
La stratégie prévoit également des actions transversales en parallèle de feuille de route sectorielle, ainsi qu’un suivi et une évaluation des actions. C’est plus clair pour vous ? Pour en savoir plus, consultez la stratégie nationale 3R du gouvernement !
Quels sont les objectifs fixés par le décret 3R ?
Le décret 3R fixe les objectifs suivants :
réduire de 20 % les emballages plastiques à usage unique d’ici le 31 décembre 2025 (par rapport aux chiffres de 2018) ;
50 % de cette réduction doit être réalisée grâce à la réutilisation et au réemploi des emballages ;
tendre vers une réduction de 100 % des emballages plastiques inutiles.
Ces emballages inutiles sont définis comme ceux qui n’ont pas de fonction technique essentielle (protection, intégrité sanitaire, transport, support d’information règlementaire).
Le décret n’est pas contraignant et ne fixe pas d’interdiction. En revanche, il dresse une liste d’actions devant concourir à l’atteinte de ces objectifs :
la suppression d’emballages en plastique à usage unique ;
la réduction du volume de plastique dans les emballages en plastique à usage unique ;
l’utilisation de dispositifs de recharge à la place des emballages à usage unique ;
l’utilisation d’autres matériaux que le plastique dans les emballages à usage unique ;
le remplacement de l’emballage à usage unique par un emballage réemployé ou réutilisé, en plastique ou en d’autres matériaux, y compris via des dispositifs de vrac.
En parallèle, le décret demande que les solutions de remplacement disposent d’une filière de recyclage opérationnelle au 1er janvier 2025, dans l’objectif global de réduire les impacts environnementaux. Pour le vérifier, le décret préconise que les professionnels réalisent des analyses de cycle de vie (ACV) comparée entre les nouvelles solutions et les emballages plastiques.
Besoin d'être accompagné ?
Vous cherchez à mieux collecter, recycler et valoriser vos déchets ?
Chez ELISE, nous collectons et recyclons 100 % des déchets tertiaires en créant des emplois pérennes et locaux pour des personnes éloignées de l’emploi. Gestion quotidienne des déchets, animations et sensibilisations, désencombrement, destruction de documents confidentiels…
Alors, vous rejoignez notre mouvement ? Découvrez notre histoire et ensemble, joignons nos efforts pour construire un monde + équitable, + solidaire et + écologique.
Sur les indicateurs de suivi et les données disponibles, l’ADEME rend compte de difficultés à suivre les progrès, notamment en matière de réemploi et de suppression des emballages inutiles.
L’ADEME relève une augmentation de 3,3 % de la mise sur le marché des emballages jetables plastiques sur la période 2018-2021 (2,43 millions de tonnes), en contradiction avec l’objectif de diminution de 20 %.
Côté recyclage, le bilan intermédiaire de l’ADEME note que :
66 % des emballages ménagers jetables en plastique sont actuellement recyclables et 15 % sont considérés comme potentiellement recyclables avec la mise en place de filières de recyclage d’ici 2025.
19 % des tonnages restants, enfin, demeurent sans perspective de recyclage d’ici 2025.
Pour effectuer ses calculs sur une base comparable, l’ADEME utilise un indicateur : l’Unité de vente consommateur (UVC). Son rapport intermédiaire relève qu’au moins 54 % des UVC ménagers à usage unique mis sur le marché contiennent du plastique. Un bilan final sera réalisé fin 2025 et permettra d’intégrer dans l’analyse les données des années 2021-2023.
À noter que plusieurs acteurs associatifs comme l’UFC-Que-Choisir ou Zero Waste France déplorent le retard accumulé dans la mise en œuvre du décret 3R et plus globalement de la loi AGEC (4). Par exemple, ces associations dénoncent des exceptions à la règle : au rayon fruits et légumes, ainsi, une trentaine de produits (petites carottes, épinards, endives, brocolis, salades, cerises…) peuvent toujours être vendus sous emballage plastique. Le ministère de la transition écologique relève pour sa part une réduction d’environ 25 % des emballages plastiques de fruits et légumes frais entre 2021 et 2023.
Le décret 3R donne des objectifs jusqu’en 2025, quand la loi AGEC fixe une disparition des emballages plastiques d’ici 2040. De nouvelles directions pourront donc être proposées par le législateur à la fin de l’échéance prévue par le décret.
Article rédigé par Stéphanie Brassart
Depuis 10 ans, Stéphanie Brassart pilote chez ELISE, des initiatives alliant engagement environnemental et responsabilité sociale. Son engagement profond pour la protection de l’environnement et la création d’emplois en faveur de personnes en situation de handicap se traduit par le rayonnement d’ELISE au niveau national.
Consulter, à cet égard, le rapport commun “loi AGEC : 4 ans après, quel bilan pour la réduction des déchets ?” proposé par France Nature environnement, Les Amis de la Terre France, No Plastic In My Sea, Surfrider Foundation et Zero Waste France https://fne.asso.fr/system/files/2024-02/Bilan%20de%20la%20loi%20AGEC.pdf
Ça pourrait vous intéresser aussi
Que risque une entreprise si elle ne respecte pas le décret 8/9 flux ?
Le tri à la source des déchets est une obligation réglementaire qui évolue. Mais que risque votre entreprise en cas de non-conformité ? Manque d’information, erreurs fréquentes, sanctions… Ce...
Le défi de la gestion des déchets du bâtiment et des travaux publics : quelles obligations pour les professionnels ?
Réemploi, tri, traçabilité : faites le point sur les principales obligations des professionnels pour la gestion des déchets non dangereux et dangereux des chantiers du BTP.