Déchet de bois : quel recyclage et quelle valorisation ?
Le point sur la collecte et la valorisation des déchets de bois. Sont-ils vraiment recyclés ? Comment sont-ils valorisés ?
Mis à jour le 27 mai 2025 - 9 mins de lecture
Pour les plus pressés
En 2022, une nouvelle nomenclature a été proposée pour mieux catégoriser les déchets de bois en quatre classes distinctes (A, BR1, BR2, C).
En 2021, 7,1 millions de tonnes de déchets de bois ont été collectées en France, dont 53 % ont été recyclés et 32 % valorisés sous forme d’énergie.
Les déchets de bois proviennent de divers secteurs (ameublement, construction, industrie), ce qui complexifie leur gestion en raison de la diversité des flux et des acteurs, ainsi que du traitement appliqué à certains bois.
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Les déchets de bois : une filière complexe et un flux de déchet diffus
Les déchets de bois constituent un ensemble complexe dans l’univers de la gestion des déchets. Les acteurs du bois sont très nombreux et très différents les uns des autres, le gisement de déchets est diffus. De ce fait, les données de consommation et de gestion de la fin de vie de produits finis en bois sont difficiles à rassembler.
Les déchets de bois proviennent ainsi de :
déchets d’ameublement des particuliers ou des entreprises ;
déchets d’aménagement intérieur de l’habitat (parquets, cloisons, emballages…) ;
déchets de construction, déconstruction, rénovation de bâtiments (poutres, charpentes, huisseries, bardages, menuiseries, coffrages…) ;
déchets d’aménagements urbains (ponts, bancs, clôture, table de pique-nique…) ;
déchets issus du transports, avec notamment le bois de palette ;
déchets issus des activités agricoles comme l’arboriculture ;
etc.
Par ailleurs, les déchets de bois issus de l’industrie primaire de transformation du bois comprennent trois familles principales :
le bois d’œuvre (36 % des volumes produits) : pour la fabrication de meubles, les palettes d’emballage, la construction…
le bois d’industrie (18 %), pour la fabrication de papier, de carton, de panneaux de bois…
le bois énergie, essentiellement pour se chauffer (46 %).
À retenir
Les déchets de bois relèvent réglementairement du décret 7/9 flux pour les entreprises : le bois est trié à la source et collecté séparément. La Responsabilité élargie du producteur (REP) des déchets du bâtiment s’applique au bois utilisé dans ce secteur, de même que la REP applicable aux déchets d’ameublement s’applique pour les meubles en bois.
En tenant compte de cette diversité et des difficultés d’évaluation du gisement associée, le Bilan national du recyclage 2012 – 2021, quantifie le volume des déchets en bois collecté à 7,1 millions de tonnes en 2021, hors palettes et hors coproduits de l’industrie du bois (+14 % par rapport à 2014) :
53 % de ces déchets partent vers une filière de valorisation matière ;
32 % vers une valorisation énergétique ;
15 % sont éliminés par enfouissement : il s’agit essentiellement de déchets en mélange (1).
Outre ces données, un premier maillon de recyclage existe entre les producteurs de bois : une grande partie des coproduits du bois d’œuvre (sciures, chutes de production…) est soit réutilisée par les producteurs eux-mêmes soit récupérée par le bois industrie ou le bois énergie. De la même façon, les coproduits et les déchets du bois industrie sont récupérés par le bois énergie.
À noter
Le réemploi, débouché majoritaire des palettes en bois
Les palettes font figure d’exception parmi les déchets de bois : 1,8 million de tonnes de palettes ont été collectées en 2021, dont 93 % sont reconditionnées, 6 % valorisées sous forme de panneaux de bois et 1 % valorisées énergétiquement.
Les caractéristiques principales des déchets de bois
Les déchets de bois ne sont pas tous constitués de matière vierge : dans l’ameublement ou la construction, les bois peuvent avoir reçu des traitements chimiques de différentes natures comme des antifongiques, anti-termites ou des biocides, ils peuvent être associés à d’autres matériaux (plastique, métal, verre), ils peuvent être en contact direct avec de la colle, des vernis, des peintures comportant des éléments comme du chlore, des sulfates, de l’azote, du cuivre, du zinc, du plomb, du chrome, etc.
Pour distinguer les déchets de bois les uns des autres, il existe une pratique usuelle en France, qui classe le bois en catégorie A (bois non traité), B (bois traité “légèrement”, avec une peinture ou un vernis non dangereux par exemple) ou C (bois “dangereux”).
Néanmoins, ce classement est insuffisant et ne correspond pas à la réglementation existante sur la classification des déchets.
En 2022, un groupe de travail du Comité stratégique de la filière bois (CSF Bois) a travaillé à la définition d’un référentiel plus précis des déchets de bois, en s’appuyant sur d’autres référentiels européens. Ce référentiel propose 4 catégories plus précises pour mieux orienter la valorisation des déchets de bois vers la filière adaptée et pour tenir compte des normes des différentes installations de valorisation énergétique :
A : “biomasse pure”, il s’agit des déchets de bois non traités, tel que le bois forestier, les chutes de production de bois massif, les coproduits des scieries, etc. ;
BR 1 : déchets de bois non-dangereux, dont la composition chimique correspond à des valeurs limites définies par un cahier des charges. Ces déchets de bois peuvent faire l’objet d’une procédure de sortie de statut de déchets, pour la valorisation énergétique en installation de combustion. Il peut s’agir de bois d’emballage, de déchets d’aménagement ou de bâtiment peu traités, etc. ;
BR2 : autres déchets de bois non-dangereux, qui peuvent être recyclés en panneaux ou faire l’objet d’une valorisation énergétique, cette fois-ci en installation d’incinération des déchets. Il peut s’agir de bois en mélange, de déchets de bois issus du bâtiment, etc. ;
C : ce sont les déchets de bois considérés comme dangereux, parce que la concentration en composants dangereux dépasse les seuils fixés par le référentiel. Ils peuvent être valorisés dans des installations dédiées à l’incinération des déchets dangereux.
À noter
Le bois dans la REP Bâtiment et dans la REP Déchets d’ameublement
L’instauration de la filière REP des Produits et Matériaux de Construction du
secteur du Bâtiment (dite PMCB) en 2023 devrait en théorie permettre une augmentation des volumes de collecte de bois. Selon l’étude de préfiguration de la filière PMCB, le gisement de déchets de bois dans la filière de la construction et du bâtiment serait de plus de 2,2 millions de tonnes (2).
De son côté, la filière REP des déchets d’ameublement a permis la collecte de 746 000 tonnes de bois en 2021 sur un gisement de 2 millions de tonnes (le bois représente 62 % des tonnages des DEA). Le chiffre est en légère croissance par rapport à 2020, et les
éco-organismes ont pris l’engagement de collecter séparément 40 % du tonnage mis sur le marché en 2023 (3).
Comment les déchets de bois sont-ils recyclés ?
La valorisation matière des déchets de bois
53 % des déchets de bois partent vers une filière de valorisation matière :
Ces déchets sont collectés, soit via les déchetteries pour les déchets des particuliers, soit via des partenaires de collecte dédiés comme ELISE pour les entreprises ou encore via les déchetteries professionnelles ou des collectes spécifiques pour les chantiers de déconstruction/construction.
Le bois regagne une plateforme de tri. Les déchets de bois y sont en général broyés, criblés et séparés d’autres matériaux en mélange (métal, plastique…), si les équipements et les techniques en place le permettent. Il faut noter qu’en cas d’impossibilité de séparer les matières, le bois part en élimination sans valorisation.
Les déchets de bois, nettoyés de tout contaminant potentiel (comme du verre, des métaux, etc.), sont ensuite en grande majorité incorporés dans la fabrication de panneaux. Selon l’ADEME, le taux d’incorporation de bois recyclé dans les panneaux de particules et leurs équivalents s’élève à environ 46 %.
À noter
Quel impact écologique pour le recyclage du bois ?
Selon l’ADEME, l’incorporation d’une tonne de bois recyclé permettrait d’éviter l’émission de 46 kg d’équivalent CO2 et 1 826 kWh (l’équivalent d’un parcours de 900 km en véhicule électrique). Ces chiffres sont à prendre avec précaution compte tenu des incertitudes relatives à une partie des données.
La valorisation énergétique des déchets de bois
32 % des déchets de bois sont valorisés en énergie. Cette valorisation s’opère dans des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) :
installation de combustion de biomasse ;
installation d’incinération ;
installation de coincinération.
Dans son bilan national du recyclage 2012 – 2021, l’ADEME souligne que valorisation matière et valorisation énergétique du bois sont à la fois complémentaires et concurrentes d’un point de vue économique. Les variations des prix sur le marché de l’énergie peuvent entraîner des variations de la demande de bois-énergie à la hausse ou à la baisse, ce qui influence la disponibilité du bois pour la valorisation matière, et peut entraîner des conflits d’usage de telle ou telle catégorie de bois.
À retenir
La sortie du statut de “déchet” pour le bois est un enjeu
Pour devenir un produit destiné à la combustion, le bois doit sortir de son statut de déchet. L’enjeu, pour les producteurs, est de soustraire ce bois aux règles qui s’appliquent pour les déchets, pour pouvoir le valoriser plus facilement. Pour que leurs rebuts de bois soient acceptés comme biomasse à destination des installations de combustions, les producteurs sont obligés de fournir une attestation telle que définie par l’arrêté du 29 juillet 2014 qui fixe les critères de sortie du statut de déchet pour les broyats d’emballages en bois.
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En quoi les déchets de bois sont-ils transformés ?
Outre la valorisation énergétique, les déchets de bois valorisé deviennent majoritairement des panneaux de particules ou des panneaux dit “OSB” (pour “oriented strand board”, des panneaux composés de lamelles de bois agglomérées et liées ensemble par un solvant). D’autres voies de valorisation font l’objet de travaux de recherches ou de tests : feuilles de placage, isolation, emballages, sont des voies de recyclage possibles. La valorisation matière du bois passe également par le compostage et par la fabrication de broyats de bois, qui servent par exemple au paillage.
Enfin, une infime partie du gisement est récupérée ou réutilisée, en particulier dans l’ameublement, mais les données ne sont pas significatives comparativement aux autres voies de valorisation.
Consommation et déchets de bois : comment faire mieux ?
Une filière bois à considérer dans son ensemble
Résilience des forêts face au changement climatique, demande accrue pour des biomatériaux dans la construction, relocalisation d’une partie de la filière (la France importe une partie de son bois) : la filière bois est traversée d’enjeux environnementaux et économiques bien au-delà de la gestion des déchets et de la fin de vie des matériaux. Une amélioration continue de la collecte, déjà bien structurée, ainsi qu’une meilleure qualification des gisements de déchets de bois selon la nomenclature proposée en 2022 contribuent à réduire la pression sur les matières premières et les tensions entre les différents usages du bois.
Améliorer la collecte dans les entreprises
Pour bien recycler, il faut d’abord bien collecter et bien trier. Si vous êtes une entreprise et que vous êtes susceptible de générer des déchets de bois, vous pourriez faire appel à un prestataire de collecte des déchets capables de vous fournir des corbeilles dédiées.
Références
1
Rachel BAUDRY, Pauline JOSSERAND, Agathe JARRY, Diana BRANZEA, Nolwenn TOUBOULIC, Julien DEZOMBRE, Hélène BORTOLI PUIG (ADEME), Chloé DEVAUZE, Anaëlle CHRÉTIEN, Louise ROUQUETTE, Vincent SIVELLE, Amélie VAZ, Lucas VIOLLET, Véronique MONIER (In Extenso Innovation Croissance), Isabelle DESCOS, Hugo THUNIS (RDC Environment). 2024. Bilan National du Recyclage 2012-2021 – Évolutions du recyclage en France de différents matériaux : métaux ferreux et non ferreux, papiers et cartons, verre, plastiques, inertes du BTP, bois et textiles. 161 p.
2
ADEME, Étude de préfiguration de la filière REP produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment.
3
ADEME, In Extenso Innovation Croissance, RDV Environment, op. cit.
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