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Quelle collecte et quelle valorisation pour les bouteilles en plastique ? Le point sur les obligations et les actions pour lutter contre la pollution plastique.
La France est l’un des plus gros consommateurs au monde de bouteilles en plastique, avec 15 milliards de bouteilles par an. Seules 60 % de ces bouteilles sont collectées pour être recyclées.
Les bouteilles en plastique sont composées en général de PET, un plastique pétrosourcé et recyclable.
Alors que la pollution plastique a envahi toute la planète, la réglementation européenne et française tente d’imposer des restrictions d’usages, d’améliorer la collecte et de proposer des alternatives, mais les efforts peinent encore à se déployer à grande échelle en pratique.
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Premier déchet ramassé sur les plages, la bouteille en plastique à usage unique se vend chaque jour en quantité faramineuse dans le monde entier. En France, chaque année, il s’écoulerait environ 15 milliards de bouteilles en plastique, toutes boissons confondues (1). La France est le cinquième plus gros marché au monde rien que pour les bouteilles d’eau en plastique, derrière les Etats-Unis, la Chine, l’Allemagne, le Mexique et l’Indonésie (2).
L’ADEME évalue à 360,7 kilotonnes de plastique le poids de ces bouteilles de boissons mises en marché en 2022 (+4 % par rapport à 2021), dont 60,3 % seulement sont collectées pour être recyclées. Le volume de plastique mis en vente augmente ainsi plus vite que le taux de collecte (qui s’améliore tout de même de 2,5 %), à l’encontre des objectifs de réduction fixés dans la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (loi AGEC)(3).
Car la loi AGEC fixe deux objectifs importants pour les bouteilles en plastique, qui semblent difficiles à atteindre dans les délais fixés :
Des interdictions d’usage accompagnent ces objectifs :
Selon le WWF, au rythme actuel de la production de plastique dans le monde, la pollution plastique des océans va quadrupler d’ici 2050. Il faut 450 ans pour qu’une bouteille en PET se décompose dans la nature et la pollution plastique est omniprésente sur terre. Eparpillée, ubiquitaire (présente dans l’eau, la terre, l’air), la pollution plastique contamine toutes les espèces, menace la biodiversité, se retrouve dans notre alimentation et présente des risques pour la santé qui ne sont pas encore tous connus. L’ANSES alerte sur les risques de contamination chimique liée aux additifs présents dans les plastiques, et de contamination biologique, via des bactéries qui peuvent se fixer sur les plastiques.
Depuis le début des années 1990, les bouteilles en plastique pour boisson sont majoritairement fabriquées en polytéréphtalate d’éthylène (PET). On peut le retrouver aussi sous le nom “polyéthylène téréphtalate ”. En 2019, l’Union européenne rend obligatoire l’intégration d’une part minimale de 25 % de matière recyclée dans leur fabrication d’ici 2025, 30 % d’ici 2030. Les fabricants de bouteilles ont également produit des efforts d’écoconception, puisque le poids moyen de la bouteille de 1,5 litre a été divisé par deux en 30 ans, pour atteindre 37 grammes.
Le PET est un polymère plastique fabriqué à partir de pétrole : 1,9 kg de pétrole permet de fabriquer 1 kg de PET. Léger, solide, apte au contact alimentaire, il présente la particularité d’être intégralement recyclable.
La filière du recyclage du PET est bien structurée en France (on compte 8 usines de production de PET recyclé, le rPET), et le procédé de recyclage est bien maîtrisé. Il comporte néanmoins plusieurs étapes consommatrices d’eau et d’énergie, et chaque cycle de recyclage mécanique affaiblit la résistance du matériau : le PET ne se recycle donc pas à l’infini, mais plutôt 2 à 3 fois en pratique, et le procédé requiert le mélange entre matière vierge et matière issue du recyclage.
Aplatie, la bouteille vide prend moins de place dans le bac de tri. Les centres de tri ont pourtant longtemps recommandé d’éviter le geste, pour que les appareils puissent continuer d’identifier les bouteilles comme telles. Plate comme une crêpe, la bouteille passait entre les mailles des cribles à disques qui distinguent les corps plats des corps creux, ou n’était pas repérée comme un objet en 3D par les machines. Cependant, les technologies de tri optique actuelles sont suffisamment efficaces pour repérer le PET, dans tous les cas, que la bouteille soit intacte ou ait subi un écrasement en règle. Compacter ou ne pas compacter, alors ? Aujourd’hui, peu importe. En revanche, il faut toujours éviter d’emboîter les bouteilles dans les boîtes de conserve !
En 2022, selon Citéo, 59 % des bouteilles sont recyclées, 12 % terminent en décharge, et 29 % en valorisation énergétique (4).
Le processus de recyclage commence par la collecte des bouteilles en plastique, dans le bac de tri des particuliers, par des entreprises de collecte des déchets comme ELISE, ou via des dispositifs d’apports volontaires présents sur le territoire… Aujourd’hui, 40 % du flux échappe encore à la collecte, notamment dans l’espace public.
Les bouteilles collectées passent ensuite par l’étape du tri. Un premier tri mécanique sépare les matières, puis le PET est repéré grâce aux technologies avancées de tri optique. Ces technologies permettent aux centres de tri de bien séparer le flux de PET des autres plastiques.
Une fois triées, les bouteilles en PET sont compactées, mises en balle puis transportées vers les usines de recyclage. La majorité des usines de recyclage utilisent aujourd’hui une technologie de recyclage dite “mécanique”, qui se déroule en plusieurs étapes :
Pourquoi ne pourrait-on pas réutiliser les bouteilles en plastique, sur le modèle de la réutilisation des bouteilles en verre par exemple ?
La question est légitime et l’explication est avant tout sanitaire : une bouteille en PET ouverte crée un environnement humide propice au développement rapide de microorganismes et bactéries (qui se déposent rien qu’en ouvrant la bouteille ou en buvant au goulot, par exemple). Le PET supporte mal la chaleur et s’abîme rapidement après plusieurs utilisations, contrairement au verre ou aux gourdes en inox. Il convient donc de jeter la bouteille après un usage unique.
En 2016, des chercheurs japonais ont découvert une bactérie (I. sakaiensis), qui produit des enzymes capables de dégrader le PET. A la suite de cette découverte, d’autres recherches récentes ont conduit au développement d’enzymes capables de décomposer 90 % du PET en 10 heures (5). Cette technologie a créé un procédé de biorecyclage du PET, plus efficace que le procédé thermomécanique le plus répandu. Une première usine de biorecyclage du PET devrait voir le jour en France en 2025.
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Une tonne de PET recyclé économise 2 tonnes de CO2 et 8500 kwh par rapport à son équivalent vierge. Le rPET sert à fabriquer de nouvelles bouteilles en plastique mais aussi :
Néanmoins, les tissus fabriqués à partir de PET recyclés restent susceptibles d’émettre des microfibres de polyester au lavage, et donc de contribuer, malgré tout, à la pollution microplastique.
Les bouteilles en plastique sont concernées par le décret 7/9 flux qui impose le tri à la source des déchets aux entreprises. Elles doivent donc être convenablement triées et collectées sur le lieu de travail. Mettre à disposition des bacs de tri dédiés aux bouteilles en plastique et poursuivre la sensibilisation des salariés sont de bonnes solutions pour faciliter leur collecte et leur recyclage.
Depuis le 1er janvier 2021, il est interdit de distribuer des boissons dans des bouteilles en plastique dans les établissements recevant du public et les locaux professionnels. Les entreprises peuvent donc remplacer les bouteilles par leur équivalent en métal pour les boissons sucrées, ou en verre pour l’eau, ou encore mettre à disposition des carafes d’eau et des contenants en verre ou des gobelets en plastique rigides réutilisables pour leurs invités.
Gourdes en inox, gobelets réutilisables, tasses et autres contenants en céramique à disposition des salariés constituent des solutions pour limiter l’apport de bouteilles en plastique sur le lieu de travail. Avec au choix, l’eau du robinet, des carafes filtrantes, des fontaines professionnelles, des appareils à boissons gazeuses. L’ONG No Plastic in my sea recense 180 solutions en ligne pour se passer de bouteilles en plastique.
Par ailleurs, il n’y a pas qu’au travail que l’accès à des points d’eau potable doit se démocratiser davantage : la loi AGEC oblige en théorie les établissements recevant du public à en être doté depuis le 1er janvier 2022. Or une enquête menée fin 2023 pointe des insuffisances : seuls un quart des 163 établissements visités disposaient de points d’eau accessibles.
Évoqué en France lors de la loi AGEC, repoussé à 2023, le projet de rendre la consigne obligatoire pour les bouteilles en plastique a finalement été abandonné à l’automne 2023. Ce projet, qui visait à améliorer la collecte des bouteilles en plastique, aurait en effet eu des conséquences néfastes sur le financement du recyclage pour les collectivités.
No Plastic in my sea, Réduction des bouteilles plastiques et points d’eau dans les ERP, la loi AGEC est-elle appliquée ? Janvier 2024. Accessible en ligne
Parisot Florian, Pasquier Sylvain, ADEME, 2023. Evaluation du taux de collecte des bouteilles en plastique de boisson pour 2021 et 2022. 41 pages
Citeo, “Le tri et le recyclage des bouteilles en plastique, on fait le point “, 1er septembre 2022 disponible en ligne https://www.citeo.com/le-mag/infographie-tri-et-recyclage-des-bouteilles-en-plastique-fait-le-point
Tournier, V., Topham, C.M., Gilles, A. et al. An engineered PET depolymerase to break down and recycle plastic bottles. Nature 580, 216–219 (2020). https://doi.org/10.1038/s41586-020-2149-4
