Le polystyrène est-il recyclable ? Et derrière, est-il vraiment recyclé ? Sera-t-il interdit après 2025 ? Dans quelles poubelles faut-il le jeter ? Les réponses à vos questions par ELISE.
Mis à jour le 3 juillet 2025 - 9 mins de lecture
Pour les plus pressés
Le polystyrène est surtout utilisé pour les emballages alimentaires (14 milliards de pots de yaourts en polystyrène sont jetés chaque année en France) et les emballages protecteurs pour les articles fragiles.
Le recyclage des déchets en polystyrène est possible, mais dans les faits, en 2025, il n’est pas opérationnel (difficultés techniques, coûts importants de l’acheminement, problèmes de collecte…).
Adoptée en 2021, la loi Climat et résilience précisait initialement que les emballages en polystyrène seraient interdits à partir de janvier 2025 s’il n’était pas possible de les recycler, mais un report à 2030 est désormais évoqué pour laisser plus de temps aux industriels de développer une filière viable ou de trouver des alternatives.
Le polystyrène fait l’objet de débats complexes liés à des intérêts économiques et environnementaux conflictuels. Difficile parfois de démêler le vrai du faux.
Les différentes formes de polystyrène sont-elles recyclées ?
Le polystyrène (PS) est une matière plastique tirée du styrène, lui-même dérivé du pétrole. Il existe sous trois formes différentes : le polystyrène standard (cristal), le polystyrène choc (HIPS) et le polystyrène expansé (PSE). Toutes rencontrent un succès planétaire en raison de leur faible coût, de leur grande malléabilité et de certaines caractéristiques techniques spécifiques comme la résistance aux chocs ou l’isolation thermique.
En France, près de 350 000 tonnes de polystyrène sont produites chaque année, dont 100 000 pour fabriquer des emballages (soit 16 % des emballages plastiques totaux). Bien que théoriquement recyclables, moins de 5 % de ces déchets en polystyrène seraient vraiment recyclés (1), pour la plupart hors de France (en Belgique et en Espagne). Le reste est actuellement incinéré (valorisation thermique au cours de laquelle on récupère de l’énergie) ou enfoui.
À noter
En 2022, selon le magazine Géo publié par Prisma Media, le polystyrène représentait 42 % des plastiques incinérés et 27 % des mises en décharge (2).
La situation du polystyrène standard et du polystyrène choc
Le polystyrène standard est le premier matériau obtenu à partir du styrène. Il est plutôt rigide (mais peut se casser), brillant, transparent (mais peut être coloré). On l’utilise en injection ou dans des pièces moulées pour fabriquer des objets très divers, le plus emblématique d’entre eux étant le pot de yaourt individuel : 14 milliards de pots de yaourts en polystyrène sont jetés chaque année en France. Lorsqu’on veut obtenir un matériau susceptible de résister davantage aux chocs, on le renforce avec un composé élastomère (généralement le polybutadiène) : c’est le polystyrène choc.
Applications concrètes : matériel de laboratoire, jouets, articles ménagers, boîtiers de CD et de DVD, pots de yaourts, gobelets, couverts, tasses, téléviseurs, matériel informatique…
Ces deux matériaux sont recyclables, mais ils sont généralement associés à d’autres matériaux, plastiques ou non, ce qui rend l’opération complexe et coûteuse.
La situation du polystyrène expansé (frigolite)
Composé de 98 % d’air, le polystyrène expansé est un matériau léger qui présente d’extraordinaires propriétés d’amortissement aux chocs. C’est également un excellent isolant thermique, durable et insensible à l’humidité. Il est généralement fabriqué à partir de perles de polystyrène standard : un agent d’expansion leur permet d’atteindre 60 fois leur volume initial et elles sont ensuite soudées entre elles grâce à un nouveau chauffage.
Applications concrètes : emballages protecteurs pour les articles fragiles, les équipements électroniques et le matériel volumineux, packaging isolant pour les camions frigorifiques et le secteur du bâtiment, contenants de semis agricoles, …
Actuellement, ce matériau très encombrant est largement acheminé vers des sites d’enfouissement ou incinéré (valorisation thermique), ce qui n’est avantageux ni sur le plan écologique (l’incinération rejette du dioxyde de carbone et de la suie) ni sur le plan économique.
À noter
Reconnaître le polystyrène
En cas de doute, observez bien le symbole caractéristique du polystyrène marqué sur le plastique : trois flèches en triangle avec le chiffre 6 au centre et l’inscription PS au-dessous.
Dans quelles poubelles faut-il jeter le polystyrène ?
Tout dépend de la forme de polystyrène :
Le polystyrène expansé : déposez-le en déchetterie (dans des bacs spécialement dédiés au polystyrène) si la quantité de déchets est limitée, sinon faites appel à une entreprise spécialisée comme Knauf Circular® ou Véolia. Pour les entreprises consommatrices de ce type de déchets (généralement concernées plus globalement par les déchets de chantier), il est possible d’installer une presse de densification sur site pour réduire son volume, puis de faire appel à des entreprises de collecte de déchets comme ELISE.
Le polystyrène standard et le polystyrène choc : déposez les objets supposément en polystyrène (barquettes, pots de yaourt…) dans la poubelle ou la corbeille réservée au tri des emballages (généralement la poubelle jaune). Pour les entreprises, vous devez vous assurer de collecter ces déchets ou faire appel à une entreprise de collecte qui le fera pour vous.
Différentes études montrent que la collecte du polystyrène n’est pas optimale. En 2010, au Québec, seules 15 % des 21 000 tonnes de polystyrène produites chaque année sur le territoire étaient correctement déposées dans le bac de tri (3).
Que devient le polystyrène après la collecte ?
Le polystyrène est recyclable, mais pour le moment, il est enfoui ou incinéré
En théorie, le polystyrène est recyclable, notamment via le recyclage chimique. Diverses expériences et projets pilotes récents l’attestent, comme l’initiative conjointe de Polystyvert et de BEWI ou l’entreprise Polyform inc. au Canada. Un procédé a même été breveté par Sony : il consiste à dissoudre le polystyrène dans un solvant (le limonène), puis à récupérer les produits de recyclage par une distillation sous vide. Une fois solidifiés, ces derniers sont broyés pour obtenir des grains de polystyrène standard.
Deux types de recyclage possible sont possible en fonction de la forme de polystyrène et de ses usages :
Le recyclage en boucle fermée : les pots de yaourt redeviennent des pots de yaourt.
Le recyclage en boucle ouverte : les pots de yaourt sont transformés en d’autres objets non aptes au contact alimentaire comme des cintres.
Dans les faits, cependant, l’opération s’avère très complexe, pour trois raisons majeures :
La récupération et le transport du polystyrène coûte très cher car le polystyrène est très volumineux. Le recyclage n’est donc actuellement pas rentable sur le plan économique.
La collecte et le tri par les particuliers n’est pas efficace, notamment parce que le polystyrène expansé se désagrège facilement.
Les emballages alimentaires en polystyrène sont fréquemment associés à d’autres matériaux plastiques.
Ainsi, la grande majorité du polystyrène termine aujourd’hui en 2025 dans les sites d’enfouissements ou est vouée à l’incinération.
Le recyclage du polystyrène, une question de temps ?
En 2021, un consortium d’acteurs de l’emballage baptisé PS25 s’était engagé à développer d’ici 2025 une filière de recyclage capable de recycler 100 % des emballages en polystyrène collectés et triés en France (4). À défaut de faisabilité, les industriels s’engagaient alors à élaborer un « plan de sortie opérationnel » du polystyrène, comme le prévoit la loi, « vers des solutions alternatives recyclables ou réemployables ».
Depuis, il semble que le projet ait pris du plomb dans l’aile. Selon un article publié par France TV Info en juin 2024 (5), la situation est même préoccupante. Trois projets opérationnels de recyclage chimique avaient été lancés en 2021 : l’un porté par Michelin, le deuxième par l’entreprise Inéos dans le Pas-de-Calais et le dernier par TotalEnergies en Seine-et-Marne. Or, il semble qu’aucun d’entre eux n’ait pu aboutir, en raison “d’écueils techniques inattendus”.Pour l’heure, l’organisme Citéo a annoncé la sélection de deux projets de recyclage mécanique, à l’étranger : deux usines capables de prendre en charge 10 000 tonnes de polystyrène, loin des 300 000 tonnes mises sur le marché chaque année. L’entreprise à mission affirme cependant que l’objectif de recycler 100 % des déchets collectés est toujours d’actualité.
Qui dit vrai ? Les emballages de polystyrène seront-ils vraiment recyclés dans les années à venir ? Parviendrons-nous à dépasser les problèmes techniques posés par le recyclage chimique ? L’opération pourra-t-elle être rentable ?
En attendant de répondre à ces questions sensibles, qui divisent les différents acteurs et recoupent des intérêts à la fois écologiques et économiques, il est probable que l’interdiction des emballages en polystyrène soit reportée à 2030 pour faire la lumière sur les échecs des différents projets et évaluer la pertinence des solutions alternatives par rapport à celle du polystyrène. La tendance à court terme prévoit plutôt une hausse du gisement de matière en polystyrène, en contradiction avec les objectifs de la loi AGEC de 2020 sur la réduction des plastiques.
À retenir
Le 4 juin 2024, lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, la ministre déléguée aux collectivités territoriales, Dominique Faure, a exprimé l’intention de reporter l’interdiction des emballages en polystyrène à 2030.
Besoin d'être accompagné ?
Vous cherchez un prestataire pour collecter et valoriser vos déchets ?
Et si vous favorisiez l’insertion sociale et la solidarité par la même occasion ?
Chez ELISE, nous collectons et recyclons 100 % des déchets tertiaires en créant des emplois pérennes et locaux pour des personnes éloignées de l’emploi. Fourniture des corbeilles, gestion des déchets, animations et sensibilisation, suivi du recyclage… Vous rejoignez le mouvement ?
Consommation et déchets en polystyrène : comment faire mieux ?
Réduire sa consommation d’emballages, tous plastiques compris
Chaque français utilise 90 milliards d’emballages chaque année, dont une partie importante en polystyrène. Voici quelques pistes simples pour réduire ce volume considérable :
Pensez à la vente en vrac (produits vendus à la coupe, fruits et légumes en vrac, légumes secs et biscuits en vrac…), avec vos contenants réutilisables.
Privilégiez les emballages papiers et les recharges de produits (savon, lessive, détergents…).
Évitez les produits suremballés (comme les biscuits disposés dans une barquette en plastique recouverte d’un film plastique, le tout glissé dans une boîte en carton).
Privilégier les produits réutilisables et les emballages bien recyclés (comme le carton).
Continuer à trier et à déposer le polystyrène aux bons endroits
Même si actuellement, le polystyrène n’est pas correctement recyclé, nous devons impérativement continuer à jeter les déchets de polystyrène dans les bacs appropriés pour favoriser l’émergence d’une filière de recyclage opérationnelle.
Améliorer la collecte du polystyrène dans les entreprises
Si vous êtes une entreprise et que vous consommez régulièrement des déchets en polystyrène (dans le secteur du bâtiment notamment), vous pourriez faire appel à une entreprise de collecte des déchets tertiaires, comme ELISE, ou à une entreprise de collecte spécialisée dans les déchets de chantier pour le polystyrène expansé.
Réfléchir collectivement à des alternatives au polystyrène
Si nous ne parvenons pas à recycler correctement le polystyrène dans les années à venir, il sera peut-être temps de réfléchir à d’autres alternatives. En Allemagne, par exemple, les pots de yaourt sont plutôt en verre et sont consignés. Au Royaume-Uni, en Espagne ou au Portugal, on a souvent recours à des plastiques plus simples à recycler comme le polyéthylène téréphtalate (PET).
La question économique entrera également en jeu, car le polystyrène est à la fois très bon marché et très pratique. Trouvera-t-on de vraies alternatives ou faudra-t-il sensiblement changer nos habitudes ? La question reste en suspens.
Références
1
Ministère de la Transition Écologique et de la Cohésion des Territoires (2022), Réduction de l’impact environnemental du plastique : engagement des acteurs de la filière polystyrène | Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. (s. d.).
2
Servais, R. (2022, 29 novembre). Pollution plastique : ce matériau très polluant que la France ne sait pas recycler. Geo.fr. https://www.geo.fr/environnement/pollution-plastique-ce-materiau-tres-polluant-que-la-france-ne-sait-pas-recycler-212736
3
Éco Entreprises Québec et RECYC-QUÉBEC, Caractérisation des matières résiduelles du secteur résidentiel, 2010, 978-2-923955-02-5.
4
Charte d’engagement « Réduction de l’impact environnemental des emballages en polystyrène par l’émergence d’une filière de recyclage française efficiente », juin 2021
5
Dupin, M. (2024, 17 juin). ENQUETE. Polystyrène : le lobbying gagnant des industriels pour éviter l’interdiction des pots de yaourts et b. Franceinfo. https://www.francetvinfo.fr/sante/environnement-et-sante/polystyrene-le-lobbying-gagnant-des-industriels-pour-eviter-l-interdiction-des-pots-de-yaourts-et-barquettes-de-viande_6607899.html
Ça pourrait vous intéresser aussi
Papier et carton
Quatorzième producteur mondial et quatrième producteur européen de papiers et cartons, la France est un acteur en déclin depuis plusieurs décennies, de façon plus précoce et plus marquée que ses pa...
Quatorzième producteur mondial et quatrième producteur européen de papiers et cartons, la France est un acteur en déclin depuis plusieurs décennies, de façon plus précoce et plus marquée que ses pa...