Comment sont collectées, recyclées et valorisées les capsules de café en aluminium ?

Les capsules de café en aluminium sont-elles recyclées ?

Le poids des capsules en aluminium sur le marché français

Le marché français du café en dosette pèse 2,5 milliards d’euros, le plus important d’Europe. Née en 1986 et brevetée par Nestlé avec sa marque Nespresso, la capsule aluminium s’est bien installée dans le quotidien, au travail, dans les hôtels, à la maison. Mais sur le marché de la capsule de café, celles qui sont compostables ne représentent que 1,8 % des ventes en grandes surfaces. Les autres sont toutes en aluminium (1).

L’aluminium est un matériau très intéressant pour l’industrie agroalimentaire : fiable, solide, léger, malléable, étanche, il a la particularité de se recycler entièrement et à l’infini, en théorie, sans altération de ses propriétés initiales. L’aluminium représente 2 % du poids des emballages ménagers en France en 2022, soit 84 000 tonnes. La moitié de ce gisement se constitue d’emballages rigides, comme les canettes en métal et les boîtes de conserve, l’autre moitié d’emballages souples, comme les capsules de café. Aujourd’hui, 58 % des emballages en aluminium sont recyclés, tous emballages confondus (2). A titre de comparaison, le taux de recyclage global des emballages ménagers s’élève à 72 % en 2022 (3).

Les filières de recyclage de l’aluminium existent et il constitue un gisement de matière première issue du recyclage qui a beaucoup de potentiel, car le processus de fabrication de l’aluminium de première main est lui-même complexe et coûteux. L’aluminium est en effet fabriqué à partir d’un minerai, la bauxite : il faut 4 tonnes de bauxite pour produire 1 tonne d’aluminium.

Le recyclage des capsules de café en cours d’organisation

Pourtant, encore en 2023, seuls 48 % des consommateurs savent que la capsule de café est entièrement recyclable, selon un sondage IFOP (4). Parce qu’elles sont légères et de taille réduite, les capsules de café en aluminium ont pu poser des problématiques de tri et de recyclage, de la même façon que les opercules en aluminium ou encore les petits emballages de portion de fromage. Depuis 2014, un projet nommé “projet métal”, lancé par un groupement d’industriels du métal et d’industries agroalimentaires et appuyé par l’éco-organisme Citéo, vise à équiper les centres de tri de capacités dédiées au tri et à la collecte de ces déchets spécifiques. Ses résultats sont les suivants en 2022 (5) :

• 62 centres de tri ont été équipés de technologies permettant de capter le gisement des petits aluminiums dans les déchets issus de la collecte des emballages ménagers. Ils n’étaient que 9 en 2015 ;
• 5200 tonnes d’aluminium ont été recyclées ;
• Les centres équipés couvrent 42 millions de Français, qui peuvent jeter leurs capsules directement dans leur poubelle de tri.

Comment les capsules en aluminium sont-elles recyclées ?

Si la capsule est jetée avec les ordures ménagères, elle part en enfouissement ou en incinération. Pour être recyclées, les capsules en aluminium doivent donc être jetées :

• soit dans le bac dédiée aux emballages recyclables pour les territoires couverts par le projet métal ;
• soit en points de collecte spécialisés, souvent situés dans les déchetteries ou en grandes surfaces. L’ARCA propose une cartographie des points de collecte en ligne pour trouver un point près de chez soi.

En entreprise, un prestataire de collecte, comme ELISE, peut proposer des bacs de collecte dédiés aux capsules de café pour assurer leur recyclage.

Une fois collectées, les capsules usagées sont acheminées jusqu’au centre de tri. Pour récupérer l’aluminium, les centres de tri utilisent un système appelé machine à courant de Foucault, qui permet d’expulser l’aluminium par effet d’un champ magnétique. Selon l’éco-organisme Citéo, les centres équipés de machine à courant de Foucault captent 50 % d’aluminium en plus.

Dans les centres de tri équipés pour les traiter, les capsules en aluminium sont broyées puis tamisées pour séparer le marc de café de l’aluminium. Le marc de café part ensuite dans le circuit de valorisation des biodéchets (méthanisation ou compost), et l’aluminium suit une filière spécifique. Pour être recyclé, l’aluminium doit en effet d’abord passer par une étape de pyrolyse : il est chauffé à 500°C, dans un environnement pauvre en oxygène. En 2022, trois usines en France et en Allemagne sont capables de réaliser cette opération. L’aluminium est ensuite envoyé en fonderie, pour être de nouveau transformé en bobine ou en feuille d’aluminium et réintégrer les circuits de fabrication.

En quoi sont-ils transformés ?

De retour dans les circuits de fabrication, l’aluminium des capsules peut être transformé en cadre de vélos de courses, en corps de stylo, en objets du quotidien ou même en nouvelles capsules : certains industriels s’engagent à fabriquer leurs capsules à partir de 80 % de matière recyclée. Ainsi :

• une tonne d’aluminium donne 300 cadres de vélo ;
• 24 capsules permettent de fabriquer le manche d’un couteau suisse.

Déchets et café : comment faire mieux pour les entreprises ?

Trier les capsules de café

Très fréquentes en entreprises, les machines à capsules sont pratiques et simples d’utilisation. Si cette solution est privilégiée par l’entreprise, mettre en place des bacs de collecte dédiés aux capsules et sensibiliser les collaborateurs pour qu’ils adoptent le geste de tri contribuera à la collecte et au recyclage des capsules.

Étudier l’intérêt des alternatives ?

Selon une analyse du cycle de vie réalisée par le principal fabricant de café en capsule, une tasse de café en capsule de 100 ml émet 108 g de CO2 sur le marché français. Cette empreinte carbone provient à 41 % de la phase d’utilisation du café (énergie, eau, quantité de café utilisé…), et à 32 % de l’approvisionnement en café vert. L’emballage, lui, vaut pour 13 % de son empreinte et le traitement de la fin de vie des capsules pour 2 % (6).

D’autres analyses, plus indépendantes, arrivent à la conclusion que la façon dont le café est préparé est l’étape qui influence le plus l’empreinte carbone d’une tasse. L’Université du Michigan, aux Etats-Unis, a calculé que l’empreinte carbone d’une tasse de café peut varier entre 50 et 250g d’équivalent CO2 (7), selon la façon de le préparer. Le gaspillage d’une préparation trop importante de café filtre, le surdosage, la façon de laver la cafetière après usage, sont autant d’éléments qui ont un impact sur les résultats. Conclusion pour faire mieux en entreprise : s’assurer de limiter le gaspillage d’eau, d’énergie et de café lors de la préparation et ce quel que soit le mode de préparation utilisé.