Comment le verre est-il recyclé et valorisé ?

Le verre est-il recyclé ?

La situation du verre d’emballage

En France, en 2022, 2,6 millions de tonnes d’emballages en verre ont été mis sur le marché, soit la moitié du poids de tous les déchets d’emballages ménagers – un chiffre stable depuis 2019 (1).

Bouteilles de bière, de vin et d’alcools, bouteilles d’eau mais aussi pots de confiture, de yaourts, conserves de légumes ou pâte à tartiner, produits pharmaceutiques ou cosmétiques, les emballages en verre sont polyvalents, neutres, inertes, imperméables, transparents… Autant d’atouts qui font leur succès auprès des industries alimentaires et non-alimentaires. Qui plus est, le verre est 100 % recyclable, et ce à l’infini : tout emballage en verre arrivé en fin de vie peut redevenir du “calcin”, employé dans les verreries pour créer un nouvel emballage en verre.

Dans ces conditions, avec un taux de collecte de 81,2 % et un taux de recyclage de 88 % en 2022, le verre fait partie des matériaux d’emballage qui se recyclent le mieux, autour d’une filière bien structurée :

• la collecte séparée du verre a été la première à se mettre en place dès 1974 ;
• la filière verre estime qu’en moyenne un emballage en verre ne parcourt que 260 km pour être recyclée en verrerie ;
• Au sein de l’Union européenne, le verre est le matériau d’emballage qui est systématiquement mieux recyclé que les autres ;
• Enfin, en France, la filière verre a pris des engagements pour atteindre un taux de collecte de 90 % d’ici 2025, et même de 100 % à horizon 2029.

Il reste en effet en moyenne 10 kg de verre par habitant et par an jetés avec les ordures ménagères résiduelles et la filière estime que des efforts restent nécessaires sur la collecte hors domicile (un gisement d’environ 350 000 tonnes de verre), notamment dans les entreprises (2).

Cependant, un débat reste ouvert : celui du réemploi des emballages en verre, dans un contexte où la loi Antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC) a fixé l’objectif général d’atteindre 10 % d’emballages réemployés à horizon 2027.

En juin 2023, l’ADEME a réalisé une étude dans laquelle elle compare 10 scénarios pour évaluer l’intérêt environnemental du réemploi des emballages en verre (3). Selon cette étude, le réemploi a un impact environnemental inférieur à l’usage unique dès la quatrième utilisation pour tous les scénarios, pour 5 des catégories analysées sur 7 (changement climatique, émission de particules, formation d’ozone photochimique, acidification, épuisement des ressources fossiles). La filière verre, pour sa part, évalue que le réemploi permet d’éviter 460 000 tonnes de déchets d’emballage en verre. Elle relève néanmoins que pour être vertueux, le réemploi doit réunir des conditions spécifiques précises :

• le poids des emballages doit atteindre un certain seuil, ce qui implique une standardisation des contenants en verre ;
• le taux de retours, ainsi que le nombre de réutilisation jouent un rôle non négligeable pour valider l’intérêt du réemploi ;
• les acteurs dédiés au réemploi du verre doivent être accessibles dans un périmètre géographique restreint pour limiter les impacts environnementaux du transport.

La situation du verre hors emballage

Si les emballages en verre font figure de bon élève du recyclage, la situation est plus contrastée pour le verre plat, principalement utilisé dans le bâtiment et dans l’industrie automobile.

Selon la feuille de route “décarbonation de la filière verre”, publiée par le Gouvernement en juin 2023, seulement 5 % du verre plat serait collecté. De la même façon, alors que les emballages en verre incorporent en moyenne 65 % de calcin dans la production de nouveaux emballages, le verre plat n’utilise que 20 % de calcin dans sa production (essentiellement issu des chutes de production) (4).

La création d’une filière à responsabilité élargie du producteur (REP) dédiée au bâtiment en 2023 devrait être un levier pour améliorer la collecte du verre plat issu des fenêtres, portes vitrées, etc. L’objectif fixé par le cahier des charges de la filière REP bâtiment est d’atteindre 18 % de valorisation du verre plat, sur un gisement d’environ 200 000 tonnes, et d’augmenter l’utilisation du calcin dans la fabrication du verre.

Comment le verre est-il réemployé et recyclé ?

Le procédé de recyclage du verre

Le recyclage du verre suit systématiquement le même procédé :

1. La collecte, dans l’un des 205 000 points d’apports volontaires du verre ou via la collecte ménagère. Le verre est ensuite acheminé vers l’un des 14 centres de traitement existant en France ;
2. Le tri. Un tri optique sépare le verre d’autres matériaux comme la céramique ou des éléments de vaisselle qui peuvent se trouver en mélange avec le verre. Les éventuels déchets métalliques mélangés avec le verre sont aussi triés grâce à une bande magnétique ;
3. La transformation en calcin : le verre est broyé, calibré et nettoyé et les résidus obtenus deviennent une nouvelle matière première ;
4. Le démélange. Dans les centres équipés, le calcin peut subir une étape supplémentaire de démélange, pour séparer le verre de couleur du verre transparent. Il est en effet impossible de fabriquer un verre transparent à partir de calcin coloré. Cette étape de surtri améliore donc les possibilités de recyclage de l’ensemble du gisement ;
5. La fabrication de nouveaux emballages en verre. Le calcin est envoyé dans des fours verriers, qui montent en température jusqu’à 1500°C. Il est mélangé à de la matière vierge pour être de nouveau moulé en emballages qui repartent vers une nouvelle vie.

Pour le secteur verrier, responsable de 3 % des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie française (5), ce processus de recyclage présente un intérêt environnemental au-delà de la préservation des ressources naturelles, car il réduit aussi la quantité d’énergie nécessaire à la fabrication du verre :

• Utiliser 10 % de calcin dans la fabrication du verre réduit la consommation d’énergie du four de 2,5 à 3 % ;
• 10 % de calcin réduit de 10 % les émissions de CO2 du processus de fabrication ;
• 1 tonne de calcin évite l’extraction de 1,2 tonne de matière dans la nature.

Actuellement, les fours verriers ont, pour certains, la capacité d’incorporer 90 % de calcin dans la fabrication de nouveaux emballages en verre coloré. Il faut continuer d’améliorer le démélange pour que davantage de fours atteignent ce résultat.

Les processus et les économies d’énergie et de matières sont les mêmes pour le verre plat. Seule l’étape de la collecte diffère : les points de collecte dédiés doivent encore se développer, dans le respect des besoins spécifiques des verriers, très exigeants sur la qualité du gisement.

Réemploi : quel procédé ?

En 2017, l’ADEME recensait 227 000 tonnes d’emballages en verre (principalement des bouteilles) réemployés, essentiellement en cafés, hôtels, restaurants – soit environ 10 % de la totalité des emballages en verre mis en marché (7). Les opérateurs du réemploi sont souvent des acteurs locaux, entreprises ou associations, certaines structures relevant de l’entrepreneuriat social et solidaire. Le groupement France Consigne, qui rassemble une partie de ces opérateurs, compte ainsi une dizaine d’initiatives situées partout sur le territoire. Comme le confirme l’étude ADEME “Evaluation environnementale de la consigne pour le réemploi des emballages en verre en France” de juin 2023, le réemploi consomme significativement moins d’énergie et moins d’eau que le recyclage pour un même emballage en verre.

Le procédé du réemploi est le suivant :

• la collecte en point de collecte dédiée au réemploi, souvent organisée en magasin ;
• le lavage des bouteilles, dans un centre de lavage dédié, qui répond à des normes sanitaires ;
• l’acheminement vers les producteurs, qui se chargent de les remplir de nouveau. Les bouteilles en verre peuvent ainsi être utilisées plusieurs dizaines de fois sans s’user.

En quoi le verre est-il transformé ?

Les emballages en verre recyclés servent à fabriquer de nouveaux emballages en verre.

Côté verre plat, le recyclage en boucle fermée est également possible : le verre issu des fenêtres ou des cloisons peut être de nouveau employé pour créer de nouvelles fenêtres.

Consommation et déchets en verre : comment faire mieux pour les entreprises ?

Trier le verre à la source

La collecte du verre à la source demeure un enjeu fort de son recyclage. Même si le geste est bien ancré en France (60 % des consommateurs déclarent trier le verre systématiquement), les efforts ne doivent pas être relâchés. Côté entreprise, le tri du verre relève d’une obligation réglementaire, le verre faisant partie des flux concernés par le décret 7/9 flux : des bacs de tri dédiés au verre peuvent être installés dans des lieux stratégiques de l’entreprise (cafétéria, hall d’accueil, etc.). Un travail de communication et de sensibilisation aux bons gestes de tri peut compléter cette première action.

Etudier l’intérêt de recourir à un système de consigne, pour remplacer les emballages en plastique par du verre réemployé

Avec l’entrée en vigueur de l’interdiction de mise à disposition de bouteilles d’eau en plastique dans les entreprises (tel que le prévoit la loi AGEC), les bouteilles en verre, tout comme les carafes réutilisables, deviennent une option intéressante à étudier pour fournir des boissons fraîches aux collaborateurs, clients ou partenaires d’une entreprise, lors d’une réunion ou d’un séminaire de rentrée, par exemple. Et pourquoi pas étudier la possibilité d’un partenariat avec une entreprise locale qui récupère et réemploi les bouteilles à l’aide d’un système de consigne ?

Entreprise du BTP et de l’automobile, se mobiliser pour la collecte et le recyclage du verre plat

En retard sur le verre des emballages, le verre plat se recycle selon les mêmes conditions. Des engagements ont été pris par 4 fédérations professionnelles du verre dans le secteur du bâtiment pour changer la donne.