1,3 milliard de piles sont mises sur le marché chaque année : que deviennent-elles une fois collectées ? Le point sur le tri, le recyclage des piles et leur valorisation.
Mis à jour le 27 mai 2025 - 8 mins de lecture
Pour les plus pressés
1,3 milliard de piles sont mises sur le marché chaque année, mais seule la moitié environ est collectée pour être recyclée.
Les piles sont considérées comme un déchet dangereux et sont soumises à des règles de collecte spécifique. Les piles et petites batteries portables font l’objet d’une filière à responsabilité élargie du producteur.
La filière de recyclage est bien structurée, ses performances peuvent encore s’améliorer.
La réglementation européenne a évolué en 2023 pour accélérer le recyclage des batteries des moyens de transports légers comme les vélos électriques, et celles des véhicules électriques. L’objectif est aussi d’améliorer le taux de valorisation des métaux rares présents dans les piles.
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En France, 36 271 tonnes de piles et batteries portables ont été mises sur le marché en 2022, soit environ 1,3 milliard de piles (1). L’éco-organisme Corepile évalue que chaque foyer dispose de 104 piles, dont 14 % sont usagées, 16 % sont neuves, et 68 % en usage dans des appareils domestiques, selon une étude réalisée en 2022 (2). Ces chiffres ne valent que pour les piles et les petits accumulateurs portables : le gisement des batteries en France en 2022 atteint 304 662 tonnes avec les accumulateurs automobiles et industriels selon les données de l’ADEME.
La totalité des piles, accumulateurs et batteries sont à considérer comme des déchets dangereux, à cause des métaux lourds qui entrent dans leur composition, dont notamment les substances suivantes :
plomb ;
nickel ;
mercure ;
cobalt ;
zinc ;
aluminium ;
lithium.
L’incinération ou la mise en décharge de ces substances contaminent les sols et les nappes phréatiques, avec des risques d’affections graves (cancers, maladies pulmonaires). Les piles doivent donc faire l’objet d’une collecte séparée.
La situation réglementaire des piles et accumulateurs
La dangerosité des piles usagées a conduit le droit européen à réglementer leur fin de vie dès 1991, puis en 2006 avec la directive 2006/66/CE . En France, le principe de la Responsabilité élargie du producteur (REP) s’applique depuis 2009 aux piles et accumulateurs ; les modalités de cette filière REP sont définies par le décret 2009-1139 et traduites dans le code de l’environnement aux articles R543-124 à R543-134.
Face aux évolutions technologiques, à la plus grande circulation de véhicules électriques et de moyens de transport légers dotés de batterie (vélo ou trottinettes par exemple), la réglementation européenne a de nouveau été révisée en 2023. Elle définit cinq catégories de piles et accumulateurs qui s’appliqueront à partir d’août 2025, contre trois catégories uniquement auparavant :
les batteries portables
les batteries industrielles
les batteries de démarrage, d’allumage et d’éclairage des véhicules (anciennement appelés PA Automobile)
les batteries de véhicules électriques (nouvelle catégorie)
les batteries de moyens de transports légers (MTL) (nouvelle catégorie).
À noter que jusqu’en août 2025, les batteries de véhicules électriques sont assimilées à la catégorie des batteries industrielles. Seules les batteries portables (la première catégorie) entrent dans la filière REP des piles et accumulateurs.
À noter
Une filière volontaire pour les batteries MTL depuis 2017
Une union des fabricants de vélos électriques (l’Union Sport et Cycle, USC) et Corepile ont créé une filière volontaire de récupération des batteries de vélos électriques dès 2017. Selon l’UFC-Que Choisir, cette filière volontaire a récupéré 200 000 batteries de vélo depuis sa mise en place, dont 53 000 sur la seule année 2023. 67 % du poids de ces batteries est récupéré, les métaux recyclés (zinc, manganèse…) repartent dans les circuits de production. Screlec-Batribox a déployé de son côté une filière volontaire e-mobilité en 2020, pour récupérer également les petites batteries des véhicules légers auprès de ses adhérents.
Au-delà du recyclage, la nouvelle réglementation européenne devrait aussi favoriser le reconditionnement et le réemploi de ces batteries, pour limiter les déchets.
Quelles piles et accumulateurs sont collectées par les éco-organismes ?
Deux éco organismes sont agréés pour la collecte et la valorisation des piles en France :
Corepile ;
Screlec-Batribox (connue à travers le réseau grand public Batribox).
Ces deux éco-organismes cumulent 65 000 points de collectes répartis sur tout le territoire. Si 77 % des Français déclarent trier leurs piles et les déposent prioritairement dans les bornes disposées en grande surface ou encore en déchetterie, le taux de collecte ne s’établit qu’à 50,8 % en 2022 (3). Ce taux est supérieur à l’objectif fixé au niveau européen, de 45 % pour 2023, mais encore inférieur à l’objectif de 63 % à atteindre d’ici le 31/12/2027, et de 73 % à atteindre d’ici le 31/12/2030.
Corepile et Screlec-Batribox collectent les piles et accumulateurs portables, c’est-à-dire :
les piles bâtons (AA, AAA, etc.)
les piles plates
les piles boutons
les batteries d’appareils informatiques
les batteries des petits appareils électriques portatifs
les batteries d’outillages
les batteries au plomb gélifié (comme les batteries de tondeuses)
les batteries de clôture électrique.
Comment les piles et accumulateurs sont-ils recyclés ?
Les piles déposées dans les différents points de collecte, en bac dédié, sont enlevées régulièrement par les éco-organismes et transportées vers des centres de regroupement où elles sont triées avant d’être acheminées par type de piles vers les opérateurs capables de les traiter sur le territoire. Elles vont ensuite subir un traitement pour récupérer les métaux qu’elles contiennent : le nickel, le cadmium, le zinc, le manganèse, le fer et le mercure. Selon le Screlec-Batribox, 60 % des matières premières issues des accumulateurs et 50 % de celle issue des piles sont récupérés. Les résidus de métaux non récupérables sont enfouis ou incinérés.
Première étape : le tri
Les centres de tri utilisent le tri manuel ainsi que différentes technologies de tri automatisé pour trier les piles selon leur taille, leur format et surtout, leur composition chimique. Les piles sont séparées entre les piles salines, alcalines et zinc air, les piles lithium et les piles boutons. Les accumulateurs sont séparés en quatre catégories : Nickel-cadmium (Ni-Cd), nickel-métal-hydrure (Ni-Mh), lithium rechargeable (Li-ION) et plomb (pb).
Deuxième étape : le traitement
Les piles passent ensuite par un procédé de traitement. Il existe quatre procédés principaux et des variations de chaque procédé selon la nature de la pile :
la pyrométallurgie. Ce procédé s’applique à la majorité des piles. Les piles alcalines et salines sont broyées et l’acier est séparé du reste des matériaux. La poudre obtenue, qu’on appelle la “black mass” est chauffée dans un four à fusion (450 à 1500°C) pour séparer les métaux (notamment le zinc, le cadmium).
un procédé d’hydrométallurgie. Ce procédé est employé pour séparer le fer d’autres fractions ferreuses et récupérer notamment le zinc et le manganèse. Ce procédé concerne les piles salines, alcalines, zinc-air et lithium. Les piles sont broyées et le fer est extrait par un procédé magnétique. La black mass passe ensuite dans une solution acide ou basique.
parce que certaines peuvent encore contenir du mercure, les piles boutons subissent un traitement à part. Elles sont traitées grâce à un processus de distillation après un broyage cryogénique sous azote liquide, pour éviter la vaporisation du mercure.
enfin, les batteries au plomb sont traitées par fusion. On sépare la batterie de sa coque en plastique, puis la batterie est broyée, ce qui donne des “fines de plomb”, qui sont ensuite chauffées à 1200°C pour recréer des lingots de plomb.
Chaque traitement donne lieu à un certificat de valorisation et à un bilan matière pour connaître la quantité de métaux et de résidus obtenus pour chaque lot.
À consulter
En vidéo : que deviennent les piles une fois déposées dans les bacs de collecte ?
Batribox, la filiale dédiée à la collecte des piles des particuliers de l’éco-organismes Screlec-Batribox-Batribox explique en 1min30 comment les piles sont prises en charge après leur dépôt dans le bac de collecte
Clé, vélo, appareils ménagers… Les piles se recyclent en d’autres objets du quotidien. Les métaux récupérés grâce au recyclage des piles sont autant de métaux rares non extraits des ressources naturelles :
le plomb et le cadmium servent à la fabrication de nouvelles batteries ;
le manganèse, le cobalt entrent dans la composition de pièces industrielles ;
l’acier peut servir à la fabrication de pièce automobile ou de tuyaux ;
le zinc pour la fabrication de gouttière ;
etc.
À noter
Des objectifs de valorisation matière dès 2025
La nouvelle réglementation européenne a créé des objectifs de valorisation matière pour le cobalt, le cuivre, le plomb, le lithium et le nickel, pour la période 2025-2031. Ce taux correspond à la proportion de métal qui doit être récupérée sous forme réutilisable après recyclage. A titre d’illustration, cela implique que si une tonne de piles contient 100 kg de cobalt, après recyclage 90 kg de cobalt devra être récupéré d’ici 2027, et 95 kg après 2030.
Collecte et recyclage des piles : comment faire mieux pour les entreprises ?
Mettre en place des points de collecte dans l’entreprise
Avec l’aide d’un opérateur de collecte comme ELISE, les entreprises peuvent déployer des dispositifs de collecte des piles dans leurs locaux.
Il existe différents types de collecteurs, dont des petites bornes en cartons nomades qui s’installent facilement sur les bureaux, en complément de collecteurs plus importants positionnés dans des points stratégiques de l’entreprise (hall d’accueil, à proximité des armoires de consommables, etc.).
Pour que la collecte sur le lieu de travail soit efficace, elle doit s’accompagner d’une sensibilisation aux déchets envers les salariés. Elle peut aussi être animée, via des défis ponctuels dans l’année, voire en participant à des challenges plus larges organisés par les éco-organismes. Par exemple, depuis 2014, Screlec-Batribox-Batribox organise une collecte nationale solidaire au profit de l’AFM Téléthon, à laquelle il est possible de prendre part.
À noter
Pile rechargeable, une bonne idée ?
Selon les données rassemblées par Le Monde, il faut environ vingt recharges sur cinq ans pour compenser l’énergie et les ressources nécessaires à la fabrication des piles rechargeables, qui sont également plus coûteuses que les piles jetables (4). Cependant, leur usage doit être bien pensé : dans les appareils à faible consommation comme les télécommandes ou les réveils, elles se déchargent progressivement même sans utilisation, les piles jetables restent plus appropriées dans ce cas. Pour les appareils gourmands en énergie, en revanche, les piles rechargeables sont une option à la fois plus économique et plus écologique.
Corepile, Synthèse des études gisement et U&A 2022 Filière piles et batteries.
3
Ce taux tient compte de la collecte des accumulateurs au plomb. A noter que la façon de comptabiliser ce flux a influencé à la baisse les performances des éco-organismes en 2022. Voir SOULARD Marion, ADEME. 2024. Filière des Piles et Accumulateurs – Données 2022. Bilan annuel. 24 pages.
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